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Ma petite vie et ma passion en direct live !

22 Oct

L'Adversaire de Nicole Garcia

Publié par Henri

L'Adversaire de Nicole Garcia

Nicole Garcia a décidé de s’attaquer à l’affaire Romand, cet homme qui pendant vingt ans a fait croire à tous qu’il était médecin à l’OMS, alors qu’il n’était rien, ne faisait rien, et qui sur le point d’être découvert a tué ses parents, sa femme et ses deux enfants. Du livre d’Emmanuel Carrère, il ne reste que le titre, qui s’en retrouve vidé de toute sa portée métaphysique. Pour l’écrivain, l’Adversaire, c’est satan : la proposition principale du livre de Carrère est de tenter de rendre compte d’une tragédie (et non d’un fait divers) qui a vu un homme ordinaire devenir le mal en personne. Son approche, empathique, souligne le glissement progressif d’un homme pris au piège de ses mensonges. Qui n’a pas déjà, pour ne pas se dédire et avouer qu’il avait menti, inventé un mensonge pour en couvrir un autre ?


Mais rassurez-vous, avec L’Adversaire, le film, on ne craint pas le vertige d’une possible identification. Daniel Auteuil réussit une performance parfaitement hermétique et totalement vampirique. Les autres personnages existent si peu (les enfants sont particulièrement absents) qu’au bout du compte il n’importe guère qu’ils se fassent duper et tuer : scénaristiquement ils ne sont là que pour ça ! C’est la trame confuse du récit qui rend le spectateur perplexe, bien plus que les les agissements du personnage. Le décor de carte postale enneigée ne recèle que l’ennui et la seule musique de Angelo Badalamenti ne suffit pas à susciter le mystère.


Le film, construit sur une succession de flash-back, commence juste après que les meurtres aient été commis et juste avant qu’ils ne soient découverts. Malheureusement les scénaristes ont choisi la voie étroite et là où le livre suivait Romand sur toute sa trajectoire depuis l’enfance jusqu’à la prison, en passant par la fac de médecine où tout se noue, le film ne couvre que les cinq années qui précèdent le carnage. Les quelques éléments explicatifs nécessaires y sont maladroitement réintroduits par le biais d’une vidéo-confession qui tient de la ficelle scénaristique et par quelques scènes postérieures incongrues qui montrent les rescapés (amis, amante) devant la police.


Ainsi la réalisatrice recentre-t-elle toute l’histoire sur son issue fatale qui n’est somme toute qu’un fait divers comme tant d’autres. En tournant le dos à la chronologie, elle passe à côté d’un sujet pourtant passionnant : le cheminement d’un être humain qui par sa faiblesse se perd et devient inhumain.


Inspiré par la même histoire, Laurent Cantet dans L’Emploi du temps avait su, sans massacre final, capter la vacance des journées d’un homme qui ne fait rien, les implications sociales de ce rien, la facilité et la perversité du mensonge, l’attraction puissante du vide.

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